Ce parcours forme les étudiants à la conception et à la réalisation de supports éditoriaux : livres, revues, magazines, catalogues, livrets, plaquettes, dépliants… En réponse à des commandes issues de l’industrie du livre, de la presse, de la communication culturelle et institutionnelle ou encore de la publicité. Dans ce cadre et au service d’un client, la  mission du graphiste consiste à donner à voir autant que donner à lire. Les étudiants sont donc amenés à questionner et à élaborer les relations entre textes et images avec une volonté de production et de maîtrise du sens. Visuels et typographies s’articulent dans des mises en page composant des objets éditoriaux autonomes ou participant de collections.
Considérant la page comme une unité de base, comme un microcosme, la progression pédagogique évolue ainsi de l’échelle microscopique de la page vers l’échelle macroscopique de la collection.

Il s’agit de développer une expertise de « l’énonciation éditoriale » (Emmanuel Souchier), du « paratexte » (Gerard Genette), c’est à dire d’une totalité constituée des éléments composant une publication, « tous ces éléments observables qui, non contents d’accompagner le texte, le font exister » selon Emmanuel Souchier : couverture, texte de labeur, protocole typographique, titraille, grille, mise en page, ligne graphique, chemin de fer, pagination… mais aussi iconographie,  photographie, narration graphique, bande dessinée, visuel didactique, illustration… la formation accordant au dessin un rôle central comme outil de conception et comme moyen de distinction et d’expression d’une créativité graphique et plastique individualisée, contemporaine et pertinente. Le tout au service d’un texte et d’un besoin posé en terme d’objectif de communication formulé dans un cahier des charges.

Les projets de cours sont conduits en s’appuyant sur une méthodologie créative rigoureuse et un questionnement approfondi sur leurs enjeux culturels, économiques et sociaux à partir d’une approche transdisciplinaire croisant  la philosophie, les sciences humaines et un marketing déconstruit.

La matérialité de l’objet éditorial est abordée de manière expérimentale et théorique, sous l’angle des savoir-faire, des techniques et des contraintes de coût autant que pour son potentiel créatif et expressif. Les étudiants sont initiés aux techniques d’impressions industrielles (Offset) comme aux techniques d’impressions artisanales (gravure, sérigraphies, risographie). Les projets d’édition papier donnent lieu à des extensions numériques et les domaines du print et du numérique sont envisagés dans leur complémentarité et leur influence mutuelle, dont témoignent les transformations des pratiques de lecture et les évolutions technologiques en cours.

Puisque selon Deleuze et Guattari « il n’y a pas de mort du livre, mais une autre manière de lire », le numérique impose au support imprimé de se réinventer.

Les réseaux sociaux et les blogs sont saisis comme des ressources et comme des supports de publication. La maîtrise des logiciels de Pao, Photoshop, Illustrator et Indesign est complétée par une formation aux outils de structuration d’une page web que sont les langages HTML et CSS, et Processing est abordé en tant que sensibilisation aux potentialités graphiques et créatives des algorithmes.

La culture graphique spécifique à la conception éditoriale est initiée à partir de son actualité la plus immédiate et globale tout en s’appuyant sur de solides connaissances du temps long de son histoire, abordant les histoires de l’écriture, de la typographie, du livre, de la presse, de la lecture, de la bande dessinée, l’histoire de l’art, des techniques et du web.

L’exploration de la production éditoriale actuelle s’ouvre aussi bien à la presse et à l’édition mainstream, qu’au secteur culturel, à l’édition jeunesse, aux éditeurs indépendants, à l’édition artistique, à l’auto-production, petites éditions, fanzines, webzine dont on observe la vitalité et la créativité de laboratoire avec une volonté prospective.

Des rencontres avec les acteurs et les professionnels de ces multiples secteurs de l’édition, sous forme de stage, conférences, commandes et workshops viennent confirmer les étudiants dans leur orientation professionnelle. Étudiants qui sont préparés à leur insertion professionnelle ou à leur poursuite d’études par la constitution d’un book et par un entraînement intensif et permanent à l’argumentation orale de leurs projets.

« Si pour donner à lire le texte, il nous faut le donner à voir, alors nous devons faire état des tensions séculaires qu’entretiennent le regard et la parole, l’image et l’écriture. »

(L’image du texte, pour une théorie de l’énonciation éditoriale, Emmanuel Souchier – Revue de médiologie n°06)